Euler Hermes dégrade le niveau de risque du Brésil
Selon Euler Hermes, il sera plus risqué de commercer avec le Brésil en 2016 qu’en 2015. Le leader mondial de l’assurance-crédit a décidé de dégrader le niveau de risque du pays, faisant ainsi passer sa note de B3 à C3.
Profonde récession, forte inflation et hausse des défaillances
« Après avoir stagné en 2014 et enregistré une baisse de -3.8% en 2015 - la pire récession en 25 ans - le PIB brésilien devrait se contracter de nouveau de -3.5% en 2016 », explique Daniela Ordoñez, économiste spécialiste de l’Amérique Latine chez Euler Hermes. La chute de l’investissement de -14% est l’un des facteurs les plus inquiétants. Les conditions de financement des entreprises se sont détériorées, avec des taux d’intérêts bancaires en forte hausse et de grandes difficultés de remboursement des prêts. L’inflation ralentit, mais devrait rester à un niveau élevé en 2016 (au-dessus de +8%), freinant ainsi la consommation privée (-4% en 2015). Autant de facteurs qui mettent en difficultés les entreprises : après une hausse de +25% en 2015, les défaillances d’entreprises devraient augmenter de +22% en 2016.
Le manque de compétitivité, frein majeur au potentiel de croissance brésilien
Le taux d’investissement brésilien est aujourd’hui inférieur à 20% du PIB, le dernier parmi les BRIC (Russie, Inde, Chine), et en dessous de la moyenne sud-américaine. « Dans le passé, le faible investissement brésilien était compensé par des conditions extérieures favorables (hausse des prix des matières première, commerce international dynamique, un real fort et des afflux massifs de capitaux, notamment courts), ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Le sous-investissement chronique au Brésil, additionné à un protectionnisme accru, un coût du travail élevé, et un système de taxes complexe et punitif, entrave fortement la compétitivité brésilienne », commente Daniela Ordoñez.
Des déséquilibres externes qui commencent à se résorber
Le durcissement de la politique monétaire américaine, combiné aux tensions politiques, et à la détérioration des indicateurs économiques brésiliens, a engendré une forte pression à la baisse sur la monnaie domestique et une volatilité financière accrue. Cependant, les investissements directs étrangers (IDE) restent forts. « A l’heure actuelle, la balance nette des IDE (flux entrants d’IDE – flux sortants d’IDE) s’élève à 62 milliards d’USD, un montant suffisant pour couvrir l’intégralité du déficit courant du Brésil », précise Daniela Ordoñez. De plus, les réserves de changes brésiliennes sont à un niveau confortable, pouvant couvrir jusqu’à 15 mois d’importations. Enfin, la dette extérieure brésilienne reste modérée, représentant environ 15% du PIB.
La récession brésilienne, un danger pour l’Amérique Latine ?
Alors que l’économie du continent sud-américain est attendue en repli cette année de -0.3%, la situation économique du Brésil représente-t-elle une menace pour l’ensemble de la région ? « Du fait des liens commerciaux ou financiers étroits qu’ils entretiennent avec le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Panama et la Bolivie seront particulièrement vulnérable à la situation actuelle du pays. En revanche, les répercussions négatives sur le reste de la région devraient être limitées. »