Quelles priorités à court terme pour le prochain gouvernement français ? Les économistes d’Allianz Trade, le leader mondial de l’assurance-crédit, se sont posés la question dans leur dernière étude.
- La dette publique française n’a cessé d’augmenter ces dernières années, atteignant en 2021 113% du PIB (contre 96% en moyenne en zone euro). Le ratio dette/PIB français est ainsi parmi les 5 plus élevés de l’Union Européenne, 43 points au-dessus de celui de l’Allemagne. La question de la soutenabilité de la dette, plus encore dans un contexte de potentiel resserrement des taux par la BCE, sera un défi majeur pour le prochain gouvernement. Dans ce contexte, la réforme des retraites proposée par le Président Macron durant la campagne pourrait être bénéfique à l’économie française : selon Allianz Trade, un passage de l’âge de départ en retraite de 62 à 64 ans permettrait à l’Etat d’économiser 40 Mds EUR par an, soit 2% du PIB.
- Second défi, la dette des entreprises. Avec le recours aux PGE, cette dernière a fortement augmenté pendant la crise Covid-19 (+14 points en France, vs +9 points en moyenne en zone euro). Le prolongement de ce soutien étatique pourrait encore accentuer la dette des entreprises, et leur vulnérabilité financière à moyen terme. Comment faire face à cette situation ? « Nous estimons que pour absorber cette dette additionnelle, les entreprises devront faire croître leurs marges de +1,5 point. Un challenge considérable dans le contexte actuel, caractérisé par d’intenses perturbations des chaînes logistiques et un coût élevé des intrants. Autre possibilité : le gouvernement pourrait inciter les ménages à investir leur épargne sur des projets d’investissements de long terme. La liquidité excédentaire des ménages français, principalement dirigée vers le marché de l’immobilier, s’établit à 250 Mds EUR depuis la crise Covid-19 et pourrait représenter une source de capital pour les entreprises », analyse Ana Boata, Directrice de la recherche économique d’Allianz Trade.
- Enfin, le déficit commercial reste un vrai sujet pour la France. La performance export française est limitée par la servicisation de l’économie française. La France a perdu des parts de marché export face à la Chine, mais aussi face à ses voisins européens dans des secteurs clés comme l’aéronautique, le pharmaceutique et l’automobile. Les parts de marché export de la France ont continué de se réduire face à la crise Covid-19 (-0,2 point par an), alors que l’Italie et l’Allemagne ont réussi à préserver les leurs. Par ailleurs, la hausse du coût de l’énergie et du prix des intrants pèse également sur notre déficit commercial, qui a atteint -84,7 Mds EUR en 2021 (+20 Mds EUR vs 2020). Depuis, l’invasion de l’Ukraine et la politique zéro-covid de la Chine ont fait leur apparition et pèsent sur le coût des échanges commerciaux. Dans ce contexte, l’adaptation du mix-énergétique français et la refonte de la politique industrielle (accroissement des capacités productives, automatisation / digitalisation, évolution de la stratégie de spécialisation, investissement sur la formation des salariés) seront nécessaires pour réduire le déficit commercial.