Grèce : une sortie de crise encore fragile
Euler Hermes analyse les éléments clés susceptibles d’aider la Grèce à sortir de la récession amorcée en 2015 (-0,3%). La croissance devrait nettement s’améliorer au second semestre 2016 si les contrôles des capitaux sont significativement assouplis d’ici là, ce qui est aujourd’hui le scénario central d’Euler Hermes. En effet, une revue positive de la Troika d’ici fin mars donnerait lieu à des mesures additionnelles sur les contrôles des capitaux, notamment en ce qui concerne les entreprises, alors qu’un début de négociations sur les efforts possibles de réduction de la dette grecque de la part des européens aiderait à la reprise de la confiance domestique et des investisseurs étrangers.
Cependant, l’économie grecque demeura en récession sur l’ensemble de l’année 2016 (-0,8%), en partie dû au contrecoup de la levée des contrôles de capitaux (restockage des entreprises, accélération des importations). Plusieurs facteurs ont affaibli l’économie grecque ces dernières années :
- Les contrôles des capitaux, mis en place par le gouvernement grec en juillet dernier ont fortement pesé sur les flux commerciaux des entreprises grecques (les exportations et les importations sont revenues à leurs niveaux de 2005) et neutralisé l’impact positif de la baisse des prix du pétrole sur la demande domestique.
- La fragilité du secteur bancaire grec limite l’accès du secteur privé aux financements et les taux d’intérêt restent élevés (>5% pour les PME) par rapport au reste de la zone euro.
Globalement, le secteur privé peine à se reprendre, les chiffres d’affaires restant à la baisse et la rentabilité diminuant sous l’effet conjugué du manque de financement et de la hausse de la pression fiscale. Les défaillances d’entreprises devraient croître pour la neuvième année consécutive en 2016 (+5%, après une augmentation de +10% en 2015).
« Le ralentissement des marchés émergents, en plus des contrôles de capitaux, restreint les perspectives et la diversification à l’export des entreprises grecques, alors que la zone euro, principal partenaire commercial, vient juste d’amorcer une reprise modeste. L’environnement économique du pays reste donc fragile », observe Ana Boata, économiste pour Euler Hermes.
Pour autant, Euler Hermes identifie 3 opportunités capables de stimuler les échanges commerciaux de la Grèce :
- L’accroissement des capacités logistiques devrait dynamiser l’activité import/export
La privatisation du port du Pirée et les projets d’investissements de 350 millions d’euros sur les cinq prochaines années devraient ouvrir de nouvelles perspectives d’import/export pour la Grèce, en Asie notamment, ce qui aidera la Grèce à faire face à la concurrence méditerranéenne et à tirer parti de sa position géographique favorable. - Le retour de l’Iran devrait stimuler la demande
pour les exportateurs grecs
La levée d’une partie des sanctions internationales sur l’Iran devrait avoir un impact significatif sur les échanges commerciaux entre les deux pays. En effet, les importations iraniennes pourraient augmenter de +20% en 2016, et de +13% supplémentaires en 2017. En Iran, les exportateurs grecs verront s’ouvrir de nouvelles perspectives dans les secteurs de l’automobile, de l’alimentation, des métaux et des machines et équipements. En outre, les raffineries grecques achetaient déjà une grande quantité de pétrole brut iranien avant les sanctions (l’équivalent de 26% des importations totales de pétrole brut de la Grèce). - Le tourisme restera un atout clé
Représentant 8% du PIB de 2015 avec plus de 26 millions de visiteurs, le tourisme reste l’un des grands atouts de la Grèce en termes de croissance économique. Si le pays peut compter sur les touristes « traditionnels » venant d’Europe du Nord (France, Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni) et d’autres pays membres de l’UE (Italie), il attire aussi de plus en plus de nouveaux venus (Bulgares, Polonais et Roumains).