Le Brexit privera les exportateurs français de 5,6 milliards d’euros en 2017
Le Brexit affectera l’économie britannique dès 2017. « Malgré les nombreuses incertitudes liées au Brexit, une période de relative stabilité et d’attentisme de la part des investisseurs semble s’être installée depuis août », confie Ana Boata, économiste pays chez Euler Hermes. « Mais la résilience post-referendum de l’économie britannique masque de réelles problématiques de long terme, qui feront leur apparition dès que l’article 50 sera activé. La nervosité des investisseurs face à l'inconnu se voit déjà dans la forte dépréciation de la livre, qui pourrait même atteindre la parité avec l'euro en 2018. »
Ainsi, le climat d’incertitude pèsera sur l’investissement (-2,3% en 2017). La consommation des ménages devrait ralentir significativement (+1,1% après +2,7% en 2016), handicapée par une livre sterling qui se déprécie (-17% par rapport à l’euro depuis le référendum), et par la hausse de l’inflation (+2,5% en 2017). En résultera un ralentissement de la croissance économique britannique, à +0,7% en 2017 après +1,6% en 2016.
Manque à gagner et hausse du risque de défaut : les exportateurs français ne sont pas épargnés
Par ailleurs, le Brexit aura des conséquences non-négligeables pour les entreprises françaises. « Avant le référendum, le Royaume-Uni se positionnait comme la deuxième destination à l’export pour la France en 2017, avec une croissance des exportations estimée à +6,1 milliards d’euros », abonde Stéphane Colliac, économiste pays chez Euler Hermes. « Mais le Brexit a redistribué les cartes. Avec la sévère dépréciation de la livre sterling, qui devrait engendrer une contraction des importations britanniques, nous estimons que les exportations françaises vers le Royaume-Uni ne croîtront finalement que de +0,5 milliards d’euros en 2017 », confirme Stéphane Colliac. Soit un large manque à gagner de +5,6 milliards d’euros pour les entreprises françaises.
Trois secteurs seront particulièrement affectés, de par leur exposition au marché britannique : les machines et équipements, l’agroalimentaire et la chimie, dont les exportations vers le Royaume-Uni représentent respectivement 10%, 9% et 7% du total de leurs exportations. En cas de Brexit avec un accord de libre-échange qui complexifierait grandement la relation commerciale entre l’UE et le Royaume-Uni, ces trois secteurs perdront chacun 0,5 milliard d’euros d’exportations entre 2017 et 2019.
Enfin, le Brexit sera de nature à accroître le risque d’impayés d’entreprises britanniques. Pour la première fois depuis 2012, les défaillances d’entreprises sont attendues à la hausse en 2017 au Royaume-Uni (+8,5%).