Bilan défaillances françaises 2017 : En France, les défaillances de grandes entreprises ont cru de +46% en 2017
Selon Euler Hermes, le nombre de défaillances d’entreprises s’est replié en France de -7% en 2017, malgré une légère décélération au quatrième trimestre de l’année (-3% t/t après -6,5% t/t au T3 et -12,2% t/t au T2). Le leader mondial de l’assurance-crédit estime que ce nouveau recul des défaillances (-7% en 2016) fait suite au rebond de la croissance économique française (+1,9% en 2017) et de l’investissement des ménages tricolores (+5,1% en 2017).
Toutefois, pour Eric Lenoir, Président du Comité Exécutif d’Euler Hermes France, la situation requiert encore une attention soutenue en raison des volumes observés et de relatives disparités sectorielles. « La dynamique enclenchée est très positive, puisque nous restons sur deux années de forte contraction des défaillances en France. Malgré tout, la route est encore longue pour revenir aux niveaux d’avant-crise : le nombre de défaillances constatées en 2017 reste 12% supérieur à celui observé en 2007, à près de 55 000 cas. De plus, certains secteurs continuent de souffrir, comme le secteur des transports, pour lequel le nombre de défaillances a cru de +5,8% l’an passé. La situation reste tendue, et les entreprises françaises ne doivent pas négliger un risque d’impayé qui demeure élevé. »
Les grandes entreprises fragilisées
Autre inquiétude à signaler, la recrudescence de défaillances de grandes entreprises implantées en France. En effet, en 2017, on relevait 19 défaillances de grandes entreprises en France (+46%). Le chiffre d’affaires cumulé de ces entreprises est conséquent, représentant 3 Mds EUR (+115%). Cette dégradation est à mettre en parallèle de l’accroissement de la dette des entreprises françaises, qui représentait 71,7% du PIB au 2ème trimestre 2017 (12 points de plus que fin 2010). Parmi les plus faibles de la zone euro en 2010, la dette des entreprises françaises est désormais supérieure à la moyenne de la région, qui s’établit à 64,4%.
« Ce qui est inquiétant derrière ce phénomène, c’est le risque d’effet domino. Certains fournisseurs sont dépendants d’un nombre limité d’acheteurs, et un incident de paiement peut suffire à les mettre en difficulté. Les petits fournisseurs seraient affectés par les difficultés des grands acheteurs, et les défaillances pourraient ainsi repartir à la hausse », analyse Stéphane Colliac, économiste France chez Euler Hermes.
L’agroalimentaire est le secteur le plus touché en France, avec 5 défaillances de grandes entreprises constatées en 2017 (+66%), pour un chiffre d’affaires cumulé de 0,9 Mds EUR. Les marges des entreprises du secteur se sont contractées de -5 points en deux ans, mettant ainsi les trésoreries sous pression. Le recul des prix des produits agricoles, divisés par 2 en 5 ans, n’a pas permis aux entreprises du secteur d’augmenter leurs prix de vente, d’où une rentabilité mise à mal.
Le commerce de détail est aussi affecté par les défaillances de grandes entreprises, avec 2 cas recensés pour un chiffre d’affaires cumulé de 0,7 Mds EUR. « Le commerce de détail est soumis à une forte pression, coincé entre la guerre des prix et la digitalisation. Les grands détaillants français doivent adapter leur stratégie aux nouveaux modes de consommation pour survivre. En résulte une détérioration prononcée de leurs états financiers, avec un résultat d’exploitation amoindri (2,6% en 2016) et un taux d’endettement qui explose (95% en 2016) », développe Stéphane Colliac.
Autre cas emblématique, l’automobile (constructeurs et équipementiers). Alors que les perspectives de croissance sont intéressantes pour le secteur, on relevait 3 grandes défaillances en 2017… contre 0 en 2016 ! La preuve qu’aucun secteur n’est épargné par le phénomène, et que le risque zéro n’existe pas.