Brexit : un manque à gagner de près de 4 milliards d'euros depuis 2016 pour les entreprises françaises
Selon Euler Hermes, la croissance économique du Royaume-Uni devrait ralentir à +1,4% en 2018 (+1,8% en 2017 et +1,9% en 2016). La détérioration de la confiance des ménages et des entreprises, la dépréciation de la livre et la hausse du prix du pétrole freinent la demande domestique britannique et affectent indirectement les exportations françaises.
Le consommateur, grand absent de la croissance britannique
Alors qu’elle est historiquement le principal contributeur de la croissance britannique, la consommation des ménages devrait décevoir en 2018. Elle ne devrait croître que de +1%, soit trois fois moins vite qu’en 2016, année du vote pro-Brexit. Une performance plus que mitigée, à mettre au crédit de l’inflation qui devrait rester supérieure à 2% en 2018 et 2019, et à un resserrement progressif des conditions monétaires.
« Nous estimons que la livre devrait rester sur une tendance de dépréciation cette année (-4% par rapport au dollar et -1% face à l’euro à fin 2018). La récente hausse des prix du pétrole, que nous estimons terminée, devrait également peser sur l’inflation. Toutefois, ce double effet sera légèrement atténué par l’accélération des salaires au Royaume-Uni, attendue aux alentours de +3% en 2018 en glissement annuel », analyse Ana Boata, économiste en charge de l’Europe chez Euler Hermes.
Un risque de non-paiement renforcé en 2018 et 2019
La faiblesse de la demande domestique pèsera sur les chiffres d’affaires des entreprises britanniques. Ces dernières souffriront encore cette année d’une dégradation de leur profitabilité en raison de la hausse du prix des importations. Euler Hermes estime d’ailleurs que le taux de marge des entreprises britanniques devrait se contracter d’un point d’ici 2019, alors qu’il est déjà au plus bas depuis fin 2013.
« La situation se complique pour les entreprises britanniques qui ne pourront pas compenser la perte de vitesse de la demande domestique par des débouchés à l’export. De plus, les besoins en fonds de roulement des entreprises augmentent alors que les conditions monétaires se resserrent et que le risque de non-paiement se renforce. Nous prévoyons en effet une hausse des défaillances au Royaume-Uni de +5% en 2018 et +6% en 2019 », développe Ana Boata.
Le Brexit pèse-t-il sur les exportations françaises ?
Les entreprises françaises qui exportent vers le Royaume-Uni devront se montrer plus vigilantes que jamais face à cette résurgence du risque d’impayé. Mais elles devront surtout batailler pour trouver de nouvelles opportunités commerciales au Royaume-Uni. Car suite au fort ralentissement des importations britanniques, les entreprises françaises ont connu plus de difficulté à trouver de nouveaux débouchés outre-Manche.
« Avant qu’on évoque le Brexit, le Royaume-Uni faisait régulièrement partie du top 5 des destinations à potentiel pour la France, ce qui n’est désormais plus le cas. Nous estimons que le vote pro-Brexit a engendré un manque à gagner pour les entreprises françaises de près de 4 Mds EUR depuis 2016. Les secteurs les plus touchés sont l’automobile (-1,2 Mds EUR), le secteur des outils et équipements (-0,8 Mds EUR) et l’agroalimentaire (-0,8 Mds EUR) », explique Ana Boata.
Euler Hermes reste confiant quant aux négociations relatives au Brexit. Le leader mondial de l’assurance-crédit continue d’accorder la plus forte probabilité (55%) à un accord de libre-échange relativement favorable au Royaume-Uni, effectif en 2021, à la suite de la période de transition durant laquelle les traités actuels resteront en vigueur (2019-2021).