Besoin en fonds de roulement (BFR) des entreprises : dégradation mondiale (+1 jour), amélioration française (-1 jour)
Dans leur nouvelle étude commune, Euler Hermes et Euler Hermes Rating se penchent sur le besoin en fonds de roulement (BFR) des entreprises à l’échelle mondiale. Le BFR traduit le besoin de financement généré par l’exploitation d’une entreprise qui résulte du décalage de ses flux de trésorerie entre le paiement des clients, le coût du stockage et le règlement aux fournisseurs. Une augmentation (diminution) du BFR signifie pour l’entreprise moins (plus) de trésorerie disponible pour financer le développement de nouveaux produits, l’expansion géographique, la croissance externe ou la réduction de la dette.
- Le besoin en fonds de roulement des entreprises (BFR) s’est détérioré l’an passé : à l’échelle mondiale, il a cru de +1 jour en 2018, atteignant ainsi son plus haut niveau depuis 2012.
- Le BFR a cru dans 3 pays sur 5 en 2018, principalement du fait d’un accroissement important des stocks des entreprises. Les émergents sont particulièrement touchés, de même que l’Allemagne (+3 jours) et les Etats-Unis (+1 jour). A l’inverse, le BFR a reculé en France (-1 jour).
- Même si la moitié des secteurs ont subi une hausse de leurs stocks en 2018 à l’échelle mondiale, 3 secteurs sur 5 ont réussi à stabiliser ou améliorer leur BFR.
Le BFR se dégrade à l’échelle mondiale (+1 jour) à cause de l’accumulation de stocks
En 2018, à l’échelle mondiale, le BFR des entreprises s’est détérioré (+1 jour, 70 jours), atteignant ainsi son pire niveau depuis 2012. Cette hausse provient majoritairement de l’accroissement des stocks des entreprises (+3 jours en moyenne en 2018), qui sont actuellement 20 à 30% supérieur à un niveau qui serait considéré comme normal.
Les entreprises ont tenté de compenser cette accumulation de stocks par un ajustement de leur comportement de paiement : elles ont raccourci les délais de paiement imposés à leur client, et rallongés leurs délais de paiement fournisseur. Ainsi, les délais de paiement clients (DSO) ont reculé de -1 jour à l’échelle mondiale en 2018, alors que les délais de paiement fournisseur (DPO) ont cru de +1 jour.
La hausse du BFR constatée en 2018 à l’échelle mondiale représente 820 Mds USD, soit une hausse de 12% par rapport à 2017. « Pour les entreprises, une hausse du BFR signifie moins de ressources financières disponibles pour financer le développement de nouveaux produits, l’expansion géographique, la croissance externe, la digitalisation ou la réduction de la dette. A terme, cela pourrait mener à un ralentissement économique mondial », explique Maxime Lemerle, Responsable des recherches sectorielles et défaillances chez Euler Hermes.
Pour faire face au ralentissement économique mondial et à l’incertitude politico-économique persistante, Euler Hermes estime que les grandes entreprises se montreront prudentes en 2019. Selon le leader mondial de l’assurance-crédit, ces dernières ajusteront leurs stocks et se montreront plus strictes dans les conditions de paiement imposées à leurs clients. En conséquence, le BFR des grandes entreprises devrait reculer de -2 jours (68 jours) en 2019.
Le BFR s’améliore pour les entreprises françaises, mais se dégrade en Allemagne et aux USA
Le BFR a cru dans 3 pays sur 5 en 2018. Les plus fortes hausses ont été constatées chez les pays émergents, comme le Brésil (+9 jours), l’Afrique du Sud (+8 jours) et le Chili (+5 jours). Des détériorations ont aussi été observées en Europe Centrale et Orientale (Russie, Bulgarie) et en Asie (Inde, Corée du Sud, Hong-Kong). Certaines économies avancées ont également subi une hausse du BFR : c’est le cas notamment de l’Allemagne (+3 jours) et des Etats-Unis (+1 jour). Pour tous ces pays, la détérioration du BFR trouve sa source dans l’importante accumulation de stocks par les entreprises.
De l’autre côté du spectre, la plupart des pays qui ont réussi à stabiliser ou même réduire le BFR y sont parvenus en réduisant les délais de paiement clients. Seuls les pays méditerranéens, où les entreprises sont habituées aux retards de paiement, et qui ont subi une hausse du DSO en 2018, font office d’exception : ils ont eux aussi réussi à faire baisser leur BFR. Ainsi, on note par exemple une amélioration du BFR au Portugal (-6 jours, 57 jours) et en Italie (-4 jours, 70 jours).
La France enregistre également une amélioration, avec un BFR en contraction de -1 jour en 2018 (66 jours, inférieur à la moyenne mondiale). Ce sont les PME françaises qui soutiennent cette performance : leur BFR s’est contracté de -1 jour en 2018, alors que celui des grandes entreprises tricolores est resté stable. En revanche, le BFR des PME françaises reste supérieur de 15 jours à celui des grandes entreprises. Un écart important, mais moins que dans d’autres pays européens : il atteint 37 jours en Italie, 23 en Allemagne et 22 en Espagne.
« En Europe de l’Ouest, ce sont les PME qui ont su tirer leur épingle du jeu par rapport aux grandes entreprises. En Italie, les PME ont réduit leur BFR de -14 jours l’an passé (-4 jours pour les grandes entreprises). En Espagne, les PME ont enregistré une amélioration de leur BFR de -7 jours, alors que celui des grandes entreprises a rebondi de +3 jours », ajoute Kai Gerdes, Responsable des analyses chez Euler Hermes Rating.
3 secteurs sur 5 parviennent à réduire ou stabiliser leur BFR
Même si la moitié des secteurs ont subi une hausse de leurs stocks en 2018 à l’échelle mondiale, 3 secteurs sur 5 ont réussi à stabiliser ou améliorer leur BFR. Il est également important de noter que les 5 secteurs dont le BFR est le plus élevé (supérieur à 100 jours) – aéronautique, machines et équipements, électronique, produits pharmaceutiques et articles de loisir – ont réussi à améliorer leur BFR en 2018.
En revanche, les industries du papier, de l’automobile, de l’agroalimentaire, des services et des équipements ménages ont subi une hausse du BFR liée à l’accroissement des stocks.