A 32,7% en moyenne en 2019, les marges des entreprises françaises resteront loin de leurs niveaux pré-2007
Après avoir atteint un point bas à 31,2% en moyenne en 2018, les marges des entreprises françaises retrouvent de l’allant : elles atteignent 32,6% au T1 2019. Une bonne nouvelle pour la rentabilité des entreprises tricolores, mais la dynamique enclenchée est-elle durable ? C’est la question que s’est posé Euler Hermes, le leader mondial de l’assurance-crédit.
« Voir les marges repartir de l’avant en France, c’est effectivement un signal positif pour nos entreprises. Mais le rebond constaté ne trouve pas sa source dans un regain d’activité ou de demande des ménages. Si les marges ont augmenté au T1 2019, c’est principalement grâce au remplacement du CICE par une baisse des charges sociales. Une mesure bénéfique mais ponctuelle, dont les effets se sont déjà entièrement matérialisés », analyse Stéphane Colliac, économiste en charge de la France chez Euler Hermes.
D’autant qu’au T1 2019, le taux de marge des entreprises françaises reste encore loin de ses niveaux d’avant-crise : en 2007, il atteignait en moyenne 33,4%. Euler Hermes estime d’ailleurs qu’en 2019, en moyenne, les marges des entreprises françaises s’établiront à 32,7%. La majeure partie du rebond estimé a donc été effectuée au premier trimestre, et ne permettra pas de combler le retard accumulé depuis plus de 10 ans.
La France en retard sur ses voisins européens
De plus, les marges des entreprises françaises sont plus faibles que celles de leurs homologues européens. Par exemple, en 2018, le taux de marge des entreprises s’établissait à 40,6% en Allemagne, à 41,7% en Italie et à 43% en Espagne. Comment expliquer un tel décalage ?
« La fiscalité est moins sévère dans les autres pays européens. Il suffit d’observer la part des bénéfices des entreprises consacrée au paiement des taxes. En France, elle s’élevait à 60,4% en 2018, contre 53% en Italie, 49% en Allemagne, 47% en Espagne, et 30% au Royaume-Uni », justifie Stéphane Colliac.
Contraction des marges pour la construction
Globalement, les marges des entreprises françaises ont progressé au T1 2019. Trois secteurs en ont particulièrement profité : les services aux entreprises (+1,9 point), les transports (+0,3 point) et le commerce (+0,3 point).
En revanche, la situation est plus compliquée pour la construction. Même si les marges du secteur restent supérieures à la moyenne française, elles ont reculé de 36,1% au T4 2018 à 35,2% au T1 2019. En cause, des carnets de commande remplis, qui obligent les entreprises du secteur à embaucher pour répondre à la demande, y compris des intérimaires. De quoi alourdir leur masse salariale, et affecter leur rentabilité.