Le risque géopolitique, nouveau déterminant principal du prix du pétrole
Selon Euler Hermes, le renforcement du prix du pétrole au deuxième trimestre de 2018 a été directement influencé par des facteurs géopolitiques, parmi lesquels l’accroissement des tensions en Syrie et au Moyen-Orient, de même que le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire passé avec l’Iran. C’est ce que confirme le modèle développé par le leader mondial de l’assurance-crédit : le prix du pétrole a été récemment plus déterminé par des facteurs géopolitiques, qui impliquent le risque d’un déficit d’offre en provenance des pays concernés.
- Le risque géopolitique, en lien avec la situation en Iran et au Venezuela, est devenu récemment le premier déterminant du prix du pétrole devant la croissance mondiale, le dollar américain et les variables liées aux marchés financiers.
- Les déterminants traditionnels du prix du pétrole, comme l’équilibre offre-demande, vont probablement orienter les prix du pétrole vers le bas.
- Euler Hermes identifie trois scénarios possibles pour le reste de l’année concernant le prix du pétrole, à découvrir dans ce communiqué de presse.
Quid du pétrole en provenance d’Iran et du Venezuela ?
Il parait peu probable que l’Iran soit totalement exclu du marché international du pétrole. En effet, l’application des sanctions internationales à l’égard du pays devrait être moins dure que par le passé, puisqu’elle ne s’inscrit plus dans un cadre multilatéral. L’offre iranienne sera toutefois moins abondante, et cela au moment où la crise politico-économique traversée par le Venezuela conduit à une baisse de l’offre mondiale de pétrole estimée à environ 0,5 million de barils par jour.
En prenant en compte ces deux facteurs, Euler Hermes estime que l’offre internationale de pétrole pourrait se contracter d’un million de barils par jour sur le reste de l’année.
Quels pays pourraient compenser ces déficits ?
Les pays de l’OPEC pourraient accroître leur production, notamment l’Arabie Saoudite qui dispose de marges de manœuvre non-négligeables. Cependant, si un pays de l’organisation souhaitait augmenter sa production, il devrait au préalable obtenir le consentement de l’OPEC et de la Russie.
En parallèle, le gouvernement américain est entré en négociations avec les entreprises leader du secteur afin de mesurer leur capacité à augmenter leur production. Au final, le marché du pétrole pourrait compter sur une hausse de la production américaine, bien que limitée en 2018.
Quels sont les scénarios envisagés par Euler Hermes ?
Euler Hermes imagine trois scénarios pour 2018 concernant le prix du pétrole :
- Le scénario central d’Euler Hermes, le plus probable selon le leader mondial de l’assurance-crédit, prévoit un prix du pétrole qui devrait se stabiliser à 72 USD le baril en 2018 (moyenne annuelle). L’offre mondiale de pétrole ne se contracterait alors que de 0,5 million de barils par jour. Même si les manques liés à la situation vénézuélienne ne devraient pas être compensés, la majeure partie du déficit en provenance d’Iran pourrait l’être. En effet, l’OPEC a de quoi accroître sa production de 2 millions de barils par jour, et la production américaine pourrait croître de manière marginale.
- Le second scénario, haussier cette fois-ci, verrait le prix du pétrole s’établir à 80 USD le baril en 2018 (moyenne annuelle). Ce scénario prévoit une appréciation de 2% du dollar américain, avec une contraction de l’offre internationale de pétrole de l’ordre de 2 millions de barils par jour, dont 1,5 en provenance d’Iran et 0,5 en provenance du Venezuela.
- Le troisième scénario prévoit un baril à 67 USD en 2018 (moyenne annuelle). Ce scénario se base sur une croissance mondiale du PIB de +3% et une appréciation du dollar américain de 5%. Dans le même temps, les manques à gagner de pétrole iranien et vénézuélien seraient totalement compensés, et la production mondiale augmenterait de 0,5 million de barils par jour sous l’impulsion des Etats-Unis.
Pour 2019, Euler Hermes prévoit un prix du baril qui s’élève à 69 USD (moyenne annuelle), avec une croissance économique mondiale de +3,1%, une appréciation du dollar américain de 25%, et un accroissement de la production mondiale de pétrole de 2 millions de barils par jour. Ce scénario inclut une forte hausse de la production de certains pays de l’OPEC, et un désengorgement de la production de gaz de schiste américain au second semestre de 2019.