Le retour aux niveaux d’avant-crise n’interviendra pas avant 2022.
Après un fort effet de rattrapage au T3 2020, un ralentissement de la reprise est à prévoir au T4 2020 et au T1 2021. En cause principalement, le durcissement des mesures sanitaires destinées à enrayer la propagation du virus. Celles-ci freineront les perspectives de redémarrage d’activité à l’échelle mondiale. Euler Hermes prévoit une récession mondiale de -4,7% en 2020, suivie d’un rebond de croissance de +4,6%. Il faudra encore au moins 2 ans pour espérer un retour à la normale.
La vague de défaillances est retardée, mais son arrivée se profile.
Grâce aux mesures étatiques de soutien aux entreprises et à l’ajustement des dispositifs de procédures collectives dans de nombreux pays, dont l’objectif était de laisser le temps aux entreprises de s’adapter au contexte sanitaire et économique, le nombre de défaillances dans le monde a reculé de -7% a/a au S1 2020. Mais il s’agit d’un effet trompe l’œil : la tendance devrait s’inverser dès le T4 2020, lorsque le traitement des procédures de faillites reprendra son cours – même si des traitements administratifs à plusieurs vitesses sont à prévoir – et que le soutien public aux entreprises s’estompera. Ainsi, Euler Hermes estime que le nombre de défaillances dans le monde croîtra de +31% entre 2019 et 2021. Aucun pays n’est épargné par la résurgence du risque d’impayés.
Les échanges commerciaux mondiaux durablement touchés.
Malgré un rebond de la demande mondiale de biens plus fort que prévu, les États-Unis et l'Europe occidentale sont en retard par rapport à la Chine, l'Asie émergente et l'Europe de l'Est. En revanche, en 2020, Euler Hermes prévoit un recul des échanges mondiaux de biens et de services en volume de -13% (contre -11% en 2009). Cela représente une contraction du commerce mondial de biens et services en valeur de -4.000 Mds USD. Un rebond mécanique des échanges internationaux de biens et services de l’ordre de +7 % est attendu en 2021, mais le retour aux niveaux d’avant-crise n’interviendra pas avant 2023 (contre 2022 pour les échanges de biens).
Et la France dans tout ça ?
Euler Hermes prévoit une récession de l’ordre de -9,8% en 2020, avant un rebond mesuré de +6,9% seulement en 2021. Le retour aux niveaux d’avant-crise pour le PIB français n’arrivera au mieux qu’au S2 2022. Déjà 715.000 emplois ont été supprimés au cours du T1 2020 et Euler Hermes estime qu’avec la suppression progressive des mesures de soutien aux entreprises, le nombre total d'emplois supprimés en France atteindra 1 million d’ici la fin de l’année. Le taux de chômage en France devrait ainsi grimper à 12,5% en 2021. Heureusement, le plan de relance français de 100 milliards d'euros (soit 4,3% du PIB) offrira à la croissance française un stimulus de l’ordre de 2,4 points de PIB entre 2020 et 2022. Ce plan étant axé sur l'offre, il devrait toutefois conduire à une reprise économique en décalé par rapport aux pays dont les plans se concentrent sur la demande (Allemagne, États-Unis et Chine notamment), et ses effets positifs prendront plus de temps à se matérialiser. Les défaillances d’entreprises françaises devraient reculer de -9% en 2020, avant de connaître une explosion de +32% en 2021. En cause ici aussi, la mise sous perfusion d’entreprises qui étaient déjà fragiles avant la crise, et qui se retrouveront à nouveau en difficulté dès que les mesures publiques prendront fin et qu’il faudra honorer ses engagements (remboursement du PGE, paiement du décalage de charge entre autres). Autre cause non-négligeable de ce décalage, le gel de l’état de cessation de paiement et la fermeture des tribunaux de commerce, qui ont maintenu statistiquement en vie des entreprises qui aurait en temps normal été déclarées en situation de défaut de paiement. In fine, Euler Hermes estime que 62.000 entreprises seront en situation de défaillances en 2021 en France.
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