Comment a évolué la trésorerie des entreprises françaises et européennes face à la crise Covid-19 ? C’est la question que se sont posés les experts d’Euler Hermes dans leur dernière étude. Le leader mondial de l’assurance-crédit constate une accumulation de liquidités dans les comptes des entreprises cotées, qui résulte du fort soutien public face au contexte sanitaire et économique, mais également de la prudence des agents économiques. Toutefois, une forte concentration est à noter, et des disparités sectorielles subsistent. Au sommaire :
- La crise Covid-19 a engendré une forte concentration de liquidités chez les entreprises non-financières européennes. Au global, la trésorerie de ces entreprises représente aujourd’hui environ 3 mois de chiffre d’affaires, soit un mois et demi de plus que le niveau moyen constaté avant la crise.
- Mais ce chiffre doit être nuancé : ce sont les entreprises et les secteurs qui disposaient déjà en 2019 des trésoreries les plus solides qui ont enregistré la plus forte hausse de liquidités. Les experts d’Euler Hermes constatent que les entreprises cotées ayant enregistré les 10 plus fortes hausses de liquidités en 2020 concentrent près de la moitié des liquidités des entreprises non-financières européennes. Les secteurs dans lesquels les liquidités ont le plus cru sont ceux des biens de consommation, de l’industrie et de la pharmacie.
- En France, la tendance est similaire, avec une hausse très concentrée du cash des entreprises non-financières : les entreprises cotées ayant enregistré les 10 plus fortes hausses de liquidités en 2020 concentrent plus d’un tiers du total des réserves de liquidités des entreprises non-financières françaises. Les secteurs dans lesquels la trésorerie a le plus cru sont les mêmes qu’au niveau européen : la consommation, l’industrie et la pharmacie.
- Par ailleurs, en France, malgré le fort soutien étatique, une entreprise cotée sur quatre a subi une détérioration de sa trésorerie depuis le début de la crise. « Certaines entreprises sont entrées dans la crise avec des trésoreries déjà fragiles, des marges contraintes et un endettement élevé. On en retrouve notamment plusieurs dans les secteurs des télécommunications, de l’aéronautique et de la distribution », développe Maxime Lemerle, Directeur des recherches sectorielles chez Euler Hermes.
- Il est important de noter que la hausse des liquidités des entreprises non-financières européennes a majoritairement eu lieu en 2020, sous l’impulsion des plans massifs de soutiens publics et en conséquence de la prudence des entreprises dans un contexte incertain. Depuis le début de l’année 2021, la tendance est à une stabilisation de la trésorerie, à un niveau qui reste élevé.
- A quoi serviront ces liquidités ? « Nous estimons que 50% de ces excès de liquidités seront utilisés par les entreprises pour financer leur BFR et pour compenser la forte hausse du coût des intrants engendrée par les perturbations des chaines de valeur et la hausse des prix des matières premières. Nous prévoyons également une hausse des investissements des entreprises concernées en 2021, avec un rebond des opérations de fusions-acquisitions », répond Ana Boata, Directrice des recherches macroéconomiques d’Euler Hermes.