La fête de l’après-pandémie est sur le point de s’achever
La dernière saison des résultats a été meilleure que prévu s’agissant des chiffres d’affaires : seuls 4 secteurs sur 24 ont enregistré une contraction et la moitié ont vu leurs bénéfices baisser en glissement annuel (g.a.). En Europe, les chiffres d’affaires ont augmenté de 16,4% en moyenne (en g.a). Curieusement, le BPA est ressorti en hausse de 18,5% (en g.a) en Europe contre seulement 2,1% aux États-Unis et 0,9% au niveau mondial, ce qui veut dire que les entreprises européennes ont réussi à mieux absorber la hausse des coûts de production.
Les prévisions et les objectifs communiqués par les entreprises suggèrent également que la dynamique s’étiole
Les taux de croissance du chiffre d’affaires au 3e trimestre ont été revus à la baisse en Amérique latine, dans la zone Asie-Pacifique et dans les marchés émergents, et pour 15 secteurs à l’échelle mondiale. La dégradation des résultats des entreprises est particulièrement marquée aux États-Unis, où la consommation des ménages a baissé plus sensiblement, sans oublier l’impact négatif de l’appréciation du dollar américain sur les résultats des entreprises présentes à l’international.
Les entreprises disposent toujours d’une confortable trésorerie mais cette dernière s’amenuise
Au deuxième trimestre 2022, la trésorerie des entreprises non financières (ENF) était supérieure de 30% à son niveau de 2019 en Europe et de 50% aux États-Unis. Toutefois, cette augmentation résulte en partie de prêts octroyés par les banques. De facto, la variation des soldes nets de trésorerie, mesurée par l’écart entre les dépôts des ENF et les nouveaux prêts ont enregistré une décélération notable entre 2020 et 2021, ainsi qu’au 1er semestre 2022. Dans la zone euro, elle est tombée à 2% au 1er semestre, contre 7% en 2021 et 14% en 2020. Cela signifie que l’accélération de l’activité économique a déjà commencé à générer une augmentation plus modeste des soldes de trésorerie. Les volants de trésorerie diminuent car la plupart des entreprises, aux États-Unis comme en Europe, « brûlent » de la trésorerie en 2022.
En raison de l’environnement inflationniste, le besoin en fonds de roulement (BFR) a augmenté de l’équivalent de six jours de chiffre d’affaires pour atteindre 71 jours aux États-Unis, et de 10 jours en Europe pour atteindre 64 jours. L’augmentation du BFR s’explique surtout par l’augmentation des stocks (+66% en Europe et +75% aux États-Unis), le reste étant imputable à l’évolution des délais de recouvrement des créances clients et de paiement des dettes fournisseurs.
Cela a amené les entreprises à s’endetter davantage
D’ailleurs, les ratios d’endettement financier sont encore supérieurs à leur niveau antérieur à la pandémie. En valeur absolue, la dette financière des ENF a atteint des niveaux records dans la plupart des pays, notamment l’Allemagne (1 860 Mds EUR), la France (2 074 Mds EUR) et les États-Unis (12 138 Mds USD). La hausse des taux d’intérêt alourdit la charge d’intérêts, notamment en Europe (+20% en tenant compte de l’évolution de la dette à long terme).
Par conséquent, des pays, des secteurs et des entreprises sont désormais confrontés à des problèmes différents
En Europe, la crise énergétique pourrait mettre à mal les secteurs à forte intensité énergétique (électricité, papier, métaux, chemins de fer, chimie, etc.) tandis qu’aux États-Unis, la vigueur du dollar pourrait nuire aux secteurs tournés vers l’export (électronique, machines, télécoms). La consommation discrétionnaire et la construction sont également vulnérables.