Allianz Trade a relevé la note de risque de 48 pays en 2024, plus du double par rapport à 2023. En dépit du contexte, la note de la France est maintenue au niveau de risque le plus faible.
- En 2024, Allianz Trade a amélioré 48 notes de risque pays (+27 par rapport à 2023) et n’en a dégradé que 5 (+1 par rapport à 2023).
- Mais cette tendance positive pourrait facilement s'inverser en 2025-2026, les fractures géo-économiques pesant sur la confiance des entreprises et le commerce.
- La note de la France se maintient au niveau de risque le plus faible (AA1) malgré un contexte d’incertitudes politique et économique.
Allianz Trade publie aujourd'hui son deuxième Country Risk Atlas, une étude phare consacrée aux risques pays, une expertise que le leader mondial de l'assurance-crédit a acquise au fil des décennies. Le Country Risk Atlas est basé sur un modèle exclusif d'évaluation des risques qui est mis à jour chaque trimestre avec les derniers développements économiques et des données propriétaires d'Allianz Trade. Il fournit une analyse complète et un aperçu des facteurs économiques, politiques, de l'environnement commercial et du développement durable qui influencent les tendances du risque de non-paiement pour les entreprises à un niveau macroéconomique.
En France, les blocages politiques bouleversent les attentes économiques
Aucun parti ou coalition n'ayant obtenu la majorité absolue lors des élections législatives de juillet 2024, la division de l'Assemblée nationale a accru l'incertitude pour l'économie. Dans ce contexte, et malgré le vote d’une « loi spéciale » pour le budget, l'incertitude concernant les hausses d'impôts et les réductions de dépenses potentielles nuisent au moral des entreprises, de nombreuses entreprises et de nombreux ménages retardant ou annulant leurs plans d'investissement.
« En dépit du contexte politique et économique, nous avons maintenu la note de la France au niveau de risque le plus faible (AA1). En effet, la France est portée par des avantages compétitifs tels qu’un très bon niveau d’infrastructures, un système bancaire solide, et un système de sante performant, même si en dégradation. En revanche, certains éléments seront à surveiller de près ces prochains mois, notamment la forte hausse des dépenses publiques et la maitrise du déficit budgétaire ainsi que le marché du travail qui a certes remarquablement résisté à la pandémie mais qui montre des signes de faiblesse. Les faillites d'entreprises ont par ailleurs atteint des niveaux historiquement élevés en 2024, la plupart des secteurs étant touchés. Une croissance plus faible et des conditions financières toujours tendues, bien qu'en voie d'assouplissement, devraient maintenir les faillites d'entreprises à un niveau élevé en 2025. Dans cet environnement, nous prévoyons un ralentissement de la croissance du PIB français à un maigre +0,7 % en 2025. La faiblesse de l'économie allemande, ainsi que l'augmentation attendue des droits de douane américains, ajouteront des vents contraires à l'économie française », explique Maxime Darmet, Économiste Senior France chez Allianz Trade.
Le risque pays s'est nettement amélioré, mais des défis se profilent à l'horizon
En 2024, le risque pays mondial a montré des signes d’amélioration, avec 48 économies dont la note a été relevée et seulement 5 dégradées. La tendance positive observée en 2023 est maintenant encore plus prononcée, avec des rehaussements qui ont plus que doublé (+27) et des dégradations qui sont restées stables (+1).
« Les économies dont la note a été relevée représentent environ 17 % du PIB mondial. Les révisions à la hausse ont été principalement réparties entre les marchés émergents : l'Amérique latine a bénéficié du plus grand nombre de hausses (13), suivie de l'Europe émergente (10) et de l'Asie-Pacifique (9). En revanche, la plupart des dégradations ont été observées au Moyen-Orient, notamment à Bahreïn, en Israël et au Koweït, en raison de tensions prolongées dans la chaîne d'approvisionnement et de prix du pétrole brut inférieurs au seuil de rentabilité budgétaire », explique Luca Moneta, Économiste Senior pour les marchés émergents chez Allianz Trade.
Cependant, le risque pays reste très exposé aux tensions géopolitiques et financières attendues dans les mois à venir. Celles-ci pourraient être exacerbées par une nouvelle matérialisation des risques à la baisse.
« Alors que les perspectives économiques mondiales se sont améliorées grâce à la décélération de l'inflation, à la reprise des flux de crédit et à l'amélioration des conditions de liquidité, de nombreux pays à faible revenu présentent toujours des conditions commerciales moins favorables, tandis que les économies à revenu élevé sont confrontées à une incertitude politique prolongée. En outre, nous devons garder à l'esprit que les deux tiers des révisions à la hausse du risque pays que nous avons effectuées l'année dernière sont basées sur des indicateurs à court terme, ce qui indique que ces améliorations sont cycliques et potentiellement réversibles. Dans ce contexte, les entreprises doivent être vigilantes dans leurs stratégies de croissance, compte tenu des tensions géopolitiques et de la montée du protectionnisme. Les chaînes d'approvisionnement sont susceptibles de devenir encore plus complexes, ce qui rend d'autant plus important le suivi du risque pays », déclare Aylin Somersan Coqui, CEO d'Allianz Trade.
La fragilité de la reprise : que réserve l'avenir aux entreprises ?
En effet, selon Allianz Trade, plusieurs facteurs pourraient perturber la dynamique positive en 2025-2026. Il s'agit notamment de :
- Tensions géopolitiques : les conflits sociaux, politiques et institutionnels se sont intensifiés à la fin de l'année 2024.
- Risques de guerre commerciale : montée du protectionnisme et possibilité de conflits commerciaux à part entière.
- Troubles civils et polarisation : polarisation croissante dans les marchés avancés et émergents.
Ana Boata, Directrice de la recherche économique chez Allianz Trade, conclut : « Une guerre commerciale généralisée est une préoccupation majeure : la perte d'activité économique qui en résulterait et le retour des pressions inflationnistes mineraient probablement la confiance des investisseurs, les maintenant dans un mode d'attente prolongé. Dans le même temps, la polarisation croissante, déjà évidente dans de nombreux pays, impose des coûts économiques significatifs tout en intensifiant les divisions sociales. La fréquence et la gravité des troubles civils augmentent également, sous l'effet de facteurs tels que l'inflation, les ajustements budgétaires et le retard de la croissance de la productivité. Dans ce contexte, les décideurs politiques doivent combler le déficit de confiance qui se creuse et atténuer les risques de polarisation. »
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